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Comment travailler avec un collègue qui a une personnalité dominante ?

June 22, 2020

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Tu connais ce collègue qui répond à tout le monde aussi sèchement qu'un homme politique à un journaliste tenace ? Celui qui impose son point de vue, coupe sans cesse la parole et rabaisse ses interlocuteurs ? Comme par hasard, c'est aussi celui dont les idées sont toujours retenues en réunion (parce qu'il parle toujours plus fort que les autres, pas parce qu'elles sont meilleures bien sûr)... Bref, ce collègue à la personnalité dominante en impose plus que ton grand-père en repas de famille.
Mais comment lutter ? Faut-il se taire ou se rebeller ? Je  te donne les clés.

Lorsqu’un dominant rencontre un soumis, le comportement de ce dernier (tendance à s’auto-culpabiliser, effacement, grande attention portée à autrui au détriment de soi) va renforcer le comportement du dominant, provoquant un cercle vicieux dans les échanges entre ces deux individus, chacun renforçant le comportement de l’autre. Ainsi, pour reprendre notre exemple cité plus haut, lorsque votre patron exige le vendredi à 18h que vous terminiez ce dossier urgent, quitte à y passer votre week-end, si vous avez une tendance à la soumission (de façon excessive). Vous prendrez alors l’entière responsabilité si ce dossier n’est pas encore traité (on parle ici d’auto-culpabilisation) et lorsque des collègues voudront vous aider, vous refuserez, supposant qu’ils ont forcément mieux à faire de leur week-end (il s’agit là d’une attention portée à autrui au détriment de soi).

Les personnalités dominantes sont de véritables nuisances pour le travail d’équipe car elles ont une grande difficulté à écouter les discours divergents de leur propres opinions, leur mouvement d’humeur rend la communication très difficile et le moral au sein de l’équipe peut rapidement chuter. La personnalité dominante a tendance à percevoir l’autre comme une menace potentielle et, de ce fait, se met dans une position de dominance à l’autre pour se prémunir contre toute agression. Ils ont tendance à voir le positionnement social des individus de façon manichéenne : entre les forts et les faibles. Il prend alors un positionnement de dominant pour se définir comme “fort” plus ou moins consciemment.

Mais ce n’est pas peine perdue pour autant, voici quelques pistes pour apprendre à être en interaction avec une personnalité dite “dominante” sans forcément rentrer dans ce cercle infernal.

- Ne pas rentrer dans l’émotionnel, rester factuel : il est important de ne pas se laisser déborder par l’émotion lorsqu’on échange avec une personne dite “dominante” car cela lui laisse l’opportunité d’user et d’abuser de comportements d’humiliation ou de séduction. Il faut donc maîtriser le message que l’on lui donne (prendre le temps de poser sa voix et de préparer son discours) en restant le plus factuel et le plus neutre possible. Il peut être intéressant alors de préparer par écrit et en amont les points importants que l’on souhaite transmettre. Rester le plus factuel possible va également passer par votre langage non verbal : il s’agit d’essayer au maximum de fixer la personne dans les yeux et d’adopter une expression de visage neutre (bon à savoir : tout sourire ou mouvement de menton vers l’avant pourrait être interprété comme une position de défi). Si le ton de la conversation commence à s’échauffer, une astuce consiste à garder un visage neutre en pensant à autre chose… Tout peut y passer : votre liste de course, votre programme du week-end ou pourquoi pas le bon petit plat que vous allez vous cuisiner ce soir !


- Se montrer assertif et ferme : l’assertivité est la capacité à s’affirmer dans le respect des autres et de soi. Ici, elle peut se caractériser par un positionnement neutre, à savoir ni dominant ni soumis, mais aussi par une certaine fermeté dans le ton ou dans le message. Si l’individu dominant hausse le ton pour vous intimider, vous pouvez utiliser la technique du disque rayé qui consiste à répéter votre message, de manière factuelle et en gardant un ton de voix ferme et neutre. Par exemple, lorsque vous allez pour poser vos congés pour les fêtes de fin d’année, vous présentez vos jours sans vous justifier, en posant votre voix et si on vous demande comme les quatre dernières années de faire des concessions, vous pouvez répéter calmement « je ne pourrais pas me libérer à cette période. »

- Rappeler le cadre, la règle : le rappel du cadre légal, du règlement ou de la loi permet souvent de recadrer le discours du dominant. Ainsi, on peut lui rappeler que « la règle concernant les heures supplémentaires stipule que… »


- Demander des traces écrites : passer par l’écrit permet de garder une trace de vos échanges et vous permet de relayer le message si celui-ci vous paraît inadapté. L’intervention d’un tiers peut être alors bénéfique pour recadrer un comportement de dominance trop important. Ainsi, pour toute demande qui vous paraît délicate, il ne faut pas hésiter à la faire par mail et si l’on vous donne une réponse entre deux portes, demandez qu’on vous la signifie également par écrit.


- Ne pas se justifier ou s’excuser : lorsque l’on s’adresse à un individu plus dominant que soi, au-delà d’utiliser le factuel et la neutralité, il est important de ne pas se dénigrer devant lui, ni se justifier. Ainsi, il n’est pas utile de recourir à des « je suis désolé mais … » ou « je ne pourrais pas car j’ai… » Donc lorsque vous délivrez un message, par exemple que vous ne pourrez pas assister à la prochaine réunion car vous êtes en déplacement ce jour-là, ne vous excusez pas de votre absence ou ne vous justifiez pas, mais dites juste que vous ne pourrez vous libérer pour cette réunion et proposez une date qui vous convient mieux. Et si vous avez tendance à vous auto-dénigrer, faites également attention aux formules du type : « je suis trop bête » ou « je me suis encore trompé. »

Le comportement de dominance ou de soumission est un comportement humain tout à fait normal qui régule les interactions au sein des différents groupes sociaux. Cependant, lorsqu’un individu abuse de son “statut” et démontre un comportement de dominance exacerbée, collaborer avec lui peut s’avérer rapidement très difficile. 

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